QUELLES DIFFÉRENCES ENTRE LES OMÉGA-3 ET LES OMÉGA-6 ?

10 Octobre, 2022

les oméga-3 et les oméga-6

Ils appartiennent à notre vocabulaire, sont partout sur les étiquettes alimentaires, dans les publicités et les magazines ; on croit les connaître tant ils sont familiers, mais que sait-on vraiment de ces « omégas » et quelles différences entre le chiffre qui les suit comme un marqueur ? 3 ou 6 ? 6 ou 3 ? Il convient d’éclaircir ces notions que leur familiarité rend paradoxalement opaques car souvent, alors que l’on croit savoir de quoi il est question, on méconnaît, sans le vouloir, des aspects qui nous échappent…

VOUS AVEZ DIT « OMÉGA » ?

La dernière lettre de l’alphabet du grec ancien symbolise la fin – il n’y a rien au-delà – mais aussi l’accomplissement. L’alpha et l’oméga, le début et la fin se rejoignent dans la lecture du monde que nous donne la religion. Dans la Bible, c’est le tout, l’essentiel, le miracle de l’univers qui s’incarne. Omega est ainsi porté par son étymologie à l’expression d’un accomplissement absolu, que l’on pourrait résumer à la fois par le tout et l’essentiel.

Ces acides gras composent les différents lipides présents dans l’organisme, sous forme de molécules appelées triglycérides. Chacune de ces molécules est agencée autour de trois acides gras et d’un glycérol. Un nombre d’atomes de carbone différent les constitue et les liaisons entre ces atomes, simples ou doubles, ont donné la nomenclature que l’on applique aux différentes familles d’acides gras polyinsaturés essentiels, les omégas 3 et 6.

Indispensables à notre vie, au bon fonctionnement de notre corps, les omégas 3 et 6 sont apportés par l’alimentation à l’organisme : personne ne peut les fabriquer seul ! Ils sont vitaux, parties prenantes des membranes de toutes nos cellules ! Leur nom est bien choisi, qui dit leur importance… Les oméga-3 mettent tous leurs bienfaits à notre disposition : bonne marche du cerveau, maintien d’une vision normale sur le long terme (attention à la DMLA, la dégénérescence maculaire liée à l’âge), d’une fonction cardiaque saine, réduction de l’hypertension artérielle, diminution des risques de dépression, voire de démence.

LES ALIMENTS RICHES EN OMÉGA-3 ET EN OMÉGA-6

Et où se trouvent-ils ? Principalement dans les poissons gras, qu’il faut consommer une à deux fois par semaine sans hésiter (préférer les petits poissons sauvages, moins prompts à garder des substances toxiques dans leur chair) : du saumon, des harengs, des maquereaux, des sardines, du foie de morue, du thon, du flétan et des anchois, mais aussi dans les fruits de mer, les huiles de colza, de noix, dans les fruits à coque (munissez-vous d’un casse-noix, si vous n’en avez pas encore !), graines de lin, de chia, pistaches, amandes, noix de cajou et, plus surprenant, dans certains légumes verts, mâche, cresson, choux et enfin dans les œufs de bonne qualité, il va sans dire !

Le numéro 6 est quant à lui plus présent dans notre alimentation quotidienne, trop ? On les rencontre, ces omégas, en abondance dans les huiles de tournesol, de maïs, d’arachide, de soja ainsi que dans la viande et les œufs. Aucun problème, en conséquence, pour se les procurer. Et c’est ainsi que l’on découvre une problématique non pas inattendue, mais certainement encore méconnue du grand public : pour être et se maintenir en bonne santé, il ne suffit pas de consommer des aliments riches en oméga-3 d’une part, en oméga-6 d’autre part, (ce serait trop simple !), il convient de maintenir, entre les deux sources d’omégas, un bon ratio !

les différences entre les oméga 3 et 6

UNE QUESTION DE… RATIO

Dans nos sociétés occidentales, la surconsommation de denrées de fabrication industrielle est à l’origine de maux récurrents et la situation, en raison des actuelles difficultés d’approvisionnement en Europe, ne fait qu’empirer. D’une part, l’alimentation est et sera à l’avenir de plus en plus tributaire de conditions politiques ; d’autre part, le lien entre alimentation et maladies est établi depuis toujours, l’accroissement de pathologies chroniques dues à la « malbouffe » devient la signature d’une époque d’outrance, d’excès, qui peine à trouver ou retrouver un équilibre salutaire.

Qui se souvient qu’autrefois les vaches se nourrissaient de l’herbe des champs et qu’en consommant un steak, nous ne déséquilibrions pas notre système immunitaire ? Les bêtes nourries d’OGM et autres sojas ou maïs n’ont rien avec à voir avec leurs ancêtres et, même si la tendance est à restreindre la consommation de viande, nous absorbons, sans le vouloir dans les produits transformés, une masse délétère d’oméga-6, bien au-delà de nos besoins. Le cas particulier de la consommation des oméga-6 est emblématique de cette démesure. En effet, les oméga-3 et 6 sont liés, leurs actions ne sont pas similaires, et, si les deux sont tout à fait nécessaires au fonctionnement de notre organisme, du rapport entre eux dépend l’équilibre du corps. Un excès d’oméga-6 sur les oméga-3 peut déclencher diverses pathologies, fort préoccupantes, telles qu’inflammations chroniques, déficiences visuelles ou cardiaques, maladies cardio-vasculaires, accidents cérébraux.

En France, par exemple, le ratio, qui devrait être compris entre 3/1 et 5/1- cinq molécules d’oméga-6 pour une d’oméga-3 – est bien supérieur, de l’ordre de 18/1. Moindre de moitié environ que celui constaté aux États-Unis, mais en excès indubitable ! Cela signifie que nous prenons trop d’aliments qui apportent des oméga-6 : trop de viande, d’huiles riches en acides gras saturés, et pas suffisamment de poissons, en particulier ceux issus des eaux profondes et froides des océans, que nous continuons à bouder… Il devient impératif de rééquilibrer la balance ! Les conseils des nutritionnistes, mais aussi l’étendue des connaissances du grand public en matière d’alimentation devraient, dans les prochaines années, permettre de faire machine arrière, en privilégiant les apports en oméga-3. Sans ce rééquilibrage, qui suppose que nous prenions conscience qu’en nous alimentant mal, nous créons les conditions de nos maladies, le terreau de nos incapacités futures, des pathologies telles l’obésité, des maladies inflammatoires se développeront, rendront notre vie plus ingrate, coûteront aussi plus cher à nos finances, privées et publiques. Quel monde laisserons-nous aux générations qui nous succèderont ?

L’enjeu des omégas, le positionnement du 3 et du 6 dans notre nourriture quotidienne, ne devons-nous pas l’appréhender avec un nouveau regard ?