QUELLES SONT LES CAUSES ET SYMPTÔMES DE LA CARENCE EN FER ?
30 Mai, 2024
Nous nous alimentons afin de donner de l’énergie à nos muscles pour pouvoir vivre normalement. Mais en parallèle, notre nourriture doit nous apporter des vitamines et minéraux pour subvenir aux besoins du métabolisme. Le fer a un rôle central dans l’oxygénation des tissus, ce dernier nous est donc indispensable. Pourtant nombre d’entre nous souffrent de déficience voire de carence en fer. Voici pourquoi et comment faire pour l’éviter.
QU’EST-CE QUE LE FER ?
Le fer est un atome métallique noté Fe, capable de s’oxyder en différents ions (Fe2+, Fe3+), ce qui lui confère une réactivité intéressante. Ainsi il est susceptible de se lier à des molécules et entre en jeu dans de nombreuses réactions métaboliques. Il possède un rôle déterminant dans notre organisme notamment au niveau du sang et de l’oxygénation. Son stockage se fait sous forme de ferritine, une protéine que l’on retrouve dans les cellules du foie, de la rate, de certains muscles et de la moelle osseuse.
QUEL EST SON RÔLE DANS L’ORGANISME ?
Le rôle du fer dans l’organisme est principalement centré sur le transport de l’oxygène. En effet, cet atome a un rôle central dans la synthèse de l’hémoglobine et de la myoglobine. La première est la protéine qui donne sa couleur au sang. En effet, elle se lie à l’oxygène grâce au fer qu’elle contient et permet son voyage dans le sang jusqu’à nos organes. Le fer est donc essentiel à la formation et au bon fonctionnement des globules rouges. La myoglobine est la molécule à l’origine du stockage de l’oxygène dans les muscles et leur assure un fonctionnement optimal.
En parallèle, grâce à ses propriétés chimiques, il entre en jeu dans de nombreuses réactions biochimiques, telles que la synthèse de l’ADN ou de la dopamine… C’est donc un élément essentiel à la vie.
QU’EST-CE QU’UNE CARENCE EN FER ?
La carence signifie que lors d’une analyse le taux mesuré est inférieur aux niveaux standards, qui sont définis selon les besoins qu’a l’organisme pour fonctionner normalement. Ainsi, on parle de déficience si les apports sont insuffisants, mais supérieurs à 70 % de la valeur conseillée, et de carence lorsqu’ils n’atteignent pas ce niveau. La carence est sévère si l’on apporte seulement 40 à 50 % des apports nécessaires. L’insuffisance, souvent asymptomatique, peut être plus ou moins bien tolérée selon la personne et la durée. La carence est quant à elle, à prendre très au sérieux. Les niveaux de manque sont variables suivant l’âge et le sexe. En effet, les besoins chez les femmes sont un peu plus élevés notamment en raison des pertes de sang menstruelles.
L’enfant jusqu’à 9 ans a besoin de 7 mg par jour, puis de 8 mg jusqu’à ses 12 ans. Ensuite, les adolescentes qui sont réglées nécessiteront 14 mg par jour contre 12 mg pour les garçons. Enfin, l’organisme d’un adulte réclame 11 mg par jour, mais jusqu’à 16 mg si les pertes de sang au moment du cycle menstruel sont importantes chez la femme. Les besoins lors d’une grossesse sont également plus élevés, car on observe une forte augmentation du volume sanguin, diluant ainsi le taux d’hémoglobine. De plus, elle doit se préparer à l’accouchement, évènement heureux, mais lors duquel elle va perdre beaucoup de sang. C’est pourquoi ses apports doivent se situer entre 25 et 35 mg/jour.
La carence en fer est l’une des plus répandues, car ce dernier est difficile à absorber lors de la digestion. En effet, d’après certains auteurs seulement 10 % du fer provenant de notre alimentation traversent les barrières du système digestif pour atteindre la circulation sanguine.
COMMENT SE MANIFESTE UN MANQUE EN FER ?
Au départ la déficience est silencieuse et asymptomatique, car l’hémoglobine peut toujours être synthétisée grâce aux réserves. Ensuite, les réserves venant à faiblir, la fatigue se fait sentir à mesure que le taux de fer dans l’organisme diminue. La personne souffre alors d’anémie qui se manifeste d’abord par un manque de coloration de la peau, notamment du visage (pâleur).
Lorsque l’on atteint le stade de la carence, les symptômes deviennent plus sérieux avec une sensation accrue de fatigue qui devient chronique, des maux de tête et des troubles du sommeil. Parallèlement, la chevelure et les ongles subissent également des dommages. Chute de cheveux, ongles cassants, sont autant de signes qui peuvent alerter.
COMMENT POSE-T-ON LE DIAGNOSTIC DE CARENCE EN FER ?
Au laboratoire pour tenter d’établir le diagnostic, ce sont les taux d’hémoglobine et de ferritine qui sont analysés. En effet, si les apports en fer ne sont pas suffisants, alors la moelle épinière va rencontrer des difficultés à synthétiser des globules rouges. Ceux-ci seront en concentrations inférieures à la normale, mais aussi de petites tailles. Ainsi, plusieurs mesures sur la taille et le volume des hématies sont également révélatrices. En complément, surtout si la carence est suspectée, mais qu’elle n’est pas accompagnée d’anémie, la mesure de la teneur en ferritine est également très intéressante afin d’évaluer l’importance des stocks.
LES CAUSES DE CETTE CARENCE
Le corps n’est pas capable de produire du fer, étant donné que c’est un élément chimique de base. Aussi, en l’absence de saignements, les pertes en fer demeurent faibles, mais existent tout de même. Il faut donc chaque jour ingérer une quantité suffisante. Ainsi les personnes suivant des régimes restrictifs afin de perdre du poids, ou par conviction, sont exposées à la carence en fer. Aussi, un régime alimentaire inadapté, constitué uniquement de produits ultra-transformés par exemple, mènera aux mêmes conséquences. Il s’agit là des premières causes de carence.
En parallèle, un réel risque de malabsorption existe aussi. En effet, les personnes sujettes à certaines maladies peuvent en théorie intégrer suffisamment de fer à leur régime alimentaire, mais ne pas en absorber/assimiler suffisamment. Ainsi, des maladies gastriques ou intestinales, des diarrhées chroniques sont susceptibles de perturber l’assimilation du fer et d’engendrer une carence s’ils les personnes concernées n’augmentent pas significativement leurs apports.
Bien sûr, le fer entrant dans la composition de l’hémoglobine, une perte de sang importante va entraîner une baisse des réserves utiles pour le renouveler. Les personnes souffrant de règles très abondantes, de saignements de nez régulier, ou ayant souffert d’hémorragies (interne ou externe) devront surveiller leur taux de fer. Aussi, des risques existent pendant la croissance, surtout si celle-ci est rapide, ou après un effort intense.
COMMENT PRÉVENIR UN MANQUE DE FER ?
LES DEUX FORMES DU FER DANS L’ALIMENTATION
Si vous êtes une personne à risque face à un manque de fer, vous avez tout intérêt à prendre les devants et à adapter votre régime alimentaire. En effet, une fois les symptômes installés, les taux sont longs à remonter et les réserves mettent plusieurs mois à se reconstituer.
Privilégiez donc les aliments riches en fer assimilable. En effet dans la nourriture, le fer se présente sous deux formes, le fer non héminique plutôt présent dans les végétaux qui est assez peu assimilé (environ 5%) et le fer héminique, marque des produits carnés, beaucoup mieux absorbés (environ à hauteur de 25%). L’association des deux permettrait également de favoriser la pénétration du fer non héminique dans l’organisme. C’est pourquoi le régime végétarien expose plus facilement à une carence en fer.
LES SUBSTANCES FACILITATRICES ET À ÉVITER
Pour augmenter les chances de constituer des réserves de fer suffisantes, des substances comme la vitamine C favorisent l’assimilation du fer non héminique surtout. En effet, celle-ci à la capacité d’oxyder le fer en Fe3+, substance qui passe plus facilement les barrières du système digestif.
À l’inverse, d’autres sont à éviter. C’est le cas de certaines molécules végétales comme l’acide phytique ou les tannins qui ont la faculté de se lier au fer pour former des complexes qui empêchent ensuite son utilisation. Certains aliments tels que le son de céréales, le thé noir, les haricots blancs ou le raisin en contiennent des concentrations importantes pouvant interférer avec un régime riche en fer. Cependant, les nombreuses transformations (raffinage, cuisson) ont tendance à diminuer les taux en ces molécules, leur consommation ne serait donc pas si néfaste, d’après certaines études.
LES ALIMENTS À PRIVILÉGIER
Parmi les aliments à privilégier on compte la viande en général, mais la viande rouge en particulier, le foie et plus globalement les abats. Cependant, le champion reste le boudin noir puisqu’il est directement confectionné à partir de sang animal donc d’hémoglobine. Du côté des végétaux, favorisez les fruits à coque et les légumes secs. Les céréales complètes et le quinoa sont aussi bien pourvus, mais possèdent de l’acide phytique. Cependant , le trempage ou la germination permettent de réduire la présence de ce frein à l’assimilation du fer.
COMMENT LUTTER CONTRE UN MANQUE DE FER ?
Si la carence est installée, et les symptômes trop présents, l’adaptation du régime alimentaire risque d’être insuffisante. Un traitement doit être envisagé. Il existe des comprimés à prendre par voie orale. Plusieurs types sont disponibles, certains contenants des oxydes de fer ou d’autres où le fer est inclus dans une molécule organique. Certains laboratoires associent directement la vitamine C pour favoriser l’absorption.
En cas de sérieuse carence, le fer peut être injecté à l’hôpital par voie intraveineuse. Bien sûr, si cette démarche est soutenue par un régime alimentaire riche en fer, les taux devraient remonter encore plus rapidement.
LES RISQUES LIÉS À UN EXCÈS DE FER
Comme tout, on peut souffrir de carence, mais également d’excès de fer. Si vous ne présentez pas de facteurs aggravants, ne vous lancez pas dans une cure de fer, et n’adoptez pas un régime particulièrement riche en cet élément. En effet, vous prendriez quelques risques. Certains symptômes en cas d’excès, tels que la fatigue, sont similaires à la carence. Des troubles digestifs peuvent également apparaître et si la surdose est importante des lésions au foie.
Ne jouez donc pas aux apprentis sorciers et ainsi évitez l’accident. Aussi, certaines personnes souffrant d’hémochromatose ont tendance à accumuler le fer et doivent au contraire limiter la consommation d’aliments concentrés.
Afin d’éviter les carences et/ou les excès nous vous conseillons de consulter votre médecin traitant en cas de doute. Après analyses sanguines, si une carence est avérée, une complémentation pourra être mise en place.
La carence en fer peut avoir des conséquences importantes sur la vie quotidienne et la santé générale. Un régime alimentaire varié et sans restriction doit apporter suffisamment de cet élément. Pour certaines personnes cela ne peut répondre aux besoins par défaut d’absorption ou en raison d’exigences accrues (règles abondantes, maladies hémorragiques).
Pour éviter cette situation, favorisez les aliments concentrés en fer héminique, tels que la viande rouge et les abats, en les associant à la vitamine C et des denrées riches en fer non héminique afin d’augmenter leur assimilation. Et bien sûr en parallèle limiter les tannins et les aliments riches en acide phytique. De cette manière, la carence en fer ne sera plus une fatalité.