LE MILLEPERTUIS EST-IL DANGEREUX POUR LA SANTÉ

27 Avril, 2023

les dangers du millepertuis sur la santé

Le millepertuis est une plante utilisée depuis des siècles pour ses propriétés médicinales. On peut la trouver sous forme de gélules ou encore de macérats huileux. En interne, elle agit comme un antidépresseur naturel et régule les troubles de l’humeur. En application externe, elle est efficace pour traiter de petites plaies cutanées. En revanche, même si c’est un traitement naturel, il convient de prendre quelques précautions avec le millepertuis. Tout particulièrement lorsqu’on suit un autre traitement en parallèle, en raison des interactions médicamenteuses observées.

LE MILLEPERTUIS OU HERBE DE LA SAINT-JEAN

Le millepertuis, du nom latin Hypericum Perforatum L., est une plante herbacée vivace faisant partie de la famille des hypéricacées. Elle tient ses origines d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient, mais également d’Europe et d’Asie occidentale. Elle est très utilisée en phytothérapie notamment pour ses effets sur les états dépressifs légers. Ce sont les sommités fleuries de la plante qui sont utilisées à des fins thérapeutiques, ou plus exactement, les fleurs et les jeunes feuilles.

Cette plante médicinale est également connue sous d’autres noms, tels que Herbe de la Saint-Jean, Herbe percée, Herbe aux piqûres, Chasse-Diable ou encore Pertuisane.

CONSOMMATION ET UTILISATION DU MILLEPERTUIS

C’est au Moyen- Âge que le millepertuis a commencé à être utilisé par voie orale pour traiter différents maux, tels que la névralgie, les troubles de l’humeur, l’anxiété ou encore l’insomnie. Henri Leclerc et Hippocrate la préconisaient d’ailleurs pour ses propriétés vulnéraires, c’est-à-dire, sa capacité à soigner les plaies et les blessures. On faisait alors macérer les fleurs fraîches dans une huile que l’on venait appliquer en externe sur les plaies cutanées. À une époque, le millepertuis était également utilisé lors de rituels pour se protéger du diable, des sorcières et des mauvais esprits. On en faisait alors des bouquets à la veille de la Saint-Jean (son pic de floraison) qui étaient accrochés au plafond tout au long de l’année. Les bouquets étaient ensuite brûlés à la Saint-Jean de l’année suivante.

LES PRINCIPES ACTIFS DE CETTE PLANTE

Le millepertuis contient plusieurs principes actifs, à savoir :

  • Composés phénoliques : dont l’hyperforine et l’adhyperforine
  • Naphtodianthrones : des pigments rouges, essentiellement l’hypéricine et la pseudohypéricine
  • Huile essentielle : essentiellement située dans le fruit, et en plus faibles quantités, dans les feuilles, les tiges, les fleurs et les racines

Les principaux composés actifs de la plante sont l’hyperforine, l’adhyperforine et les napthodianthrones. Elle contient également de la mélatonine, une hormone qui régule le rythme biologique et le sommeil, ainsi que des xanthones, aux effets sédatifs.

On la trouve sous forme de gélules, de fleurs séchées, de teintures mères et de macérats huileux.

QUELLES SONT SES PRINCIPALES PROPRIÉTÉS ?

les propriétés du millepertuis

UN EFFET ANTI-DÉPRESSEUR

Si la dépression est une physiopathologie qui n’a pas été complètement élucidée, il est fort probable qu’elle soit liée à une baisse des taux synaptiques des neurotransmetteurs (noradrénaline, dopamine et sérotonine). Plusieurs études ont déjà démontré que le millepertuis était efficace sur les dépressions légères à modérées, en améliorant les taux synaptiques des neurotransmetteurs. Des analyses auraient même permis de mettre en lumière son équivalence par rapport à des traitements standards de la dépression, tels que le Prozac® ou encore le Zoloft®. Il s’agit d’une plante souvent prescrite en Allemagne comme anti-dépresseur, mais également contre l’anxiété.

LES PLAIES ET LES PROBLÈMES DE PEAU

Le millepertuis est également efficace en usage local pour traiter les affections de la peau. Par exemple, les brûlures légères, les coupures, le psoriasis, les irritations ou encore les infections virales de la peau. La plante permet notamment d’améliorer le processus de cicatrisation grâce à ses propriétés antibactériennes et antivirales. On utilisera plutôt ici le millepertuis sous sa forme de macérat huileux, afin de soulager les affections cutanées et de favoriser la cicatrisation.

LES TROUBLES DE LA MÉNOPAUSE

Plusieurs études menées sur des femmes sont arrivées à la conclusion que l’extrait de millepertuis pouvait être utilisé pour atténuer les symptômes liés à la ménopause. À savoir, les bouffées de chaleur, la baisse de libido ou encore l’irritabilité. Pour soulager les symptômes de la ménopause, on pourra le consommer sous forme de comprimés.

LA POSOLOGIE DE L’HERBE DE LA SAINT-JEAN

En France, le dosage recommandé pour les traitements à base de millepertuis est de 300 à 900 mg d’extrait sec par jour. L’idéal étant de débuter avec 300 à 600 mg par jour, et d’augmenter par la suite, si besoin.

  • EPS, Extraits fluides de plantes fraîches Standardisés : pour une application locale, visant à soigner les plaies, on recommande d’appliquer 1 à 2 ml, trois fois par jour. 
  • Extrait solide, gélues ou comprimés : on les recommande à hauteur de 300 mg (une dose de 0,3 % d’hypéricine), 3 fois par jour durant les repas.
  • Teintures mères : la concentration pouvant varier selon les préparations, il est impératif de demander le détail de la posologie à son médecin, à son pharmacien, ou de se référer aux indications du fabricant.

Bon à savoir : si le millepertuis est utilisé en vue de soulager les effets secondaires de la ménopause, une seule dose de 300 mg par jour sera préconisée.

Les bienfaits du millepertuis peuvent être constatés dans les 10 à 15 jours.

QUELS SONT LES EFFETS SECONDAIRES ?

En raison de l’hypéricine contenue dans le millepertuis, des symptômes de photosensibilité peuvent apparaître, bien qu’ils soient très rares. La photosensibilité est une réaction du système immunitaire déclenchée par la lumière du soleil. Les UV activent l’effet de l’hypéricine. On peut donc constater l’apparition de rougeurs et de démangeaisons. Cet effet de photosensibilité dû au millepertuis a été constaté chez des sujets ayant la peau pâle et ayant pris des doses élevées de millepertuis. Néanmoins, il reste préférable de ne pas s’exposer au soleil en cas de prises de millepertuis afin de vous prémunir de tous maux.

Parmi d’autres effets secondaires du millepertuis, on note également des troubles digestifs. Sa forte teneur en tanins pourrait, en effet, être responsable d’irritations gastriques et de constipation. De rares cas d’agitations et d’étourdissements auraient également été rapportés.

LES CONTRE-INDICATIONS DU MILLEPERTUIS

Le millepertuis est une plante médicinale que l’on peut trouver aisément en officine, mais également dans des magasins de diététique, ainsi qu’en supermarché ou via des sites web spécialisés. Néanmoins, plusieurs cas d’interactions médicamenteuses ont été constatés. Plus précisément, des interactions entre le millepertuis et les médicaments à faible marge thérapeutique*. Par exemple, la digoxine (tonicardiaque, pour certaines maladies du cœur et de l’AVC), la théophylline (broncho dilatateur, pour certaines affections respiratoires), les anti-vitamines K (anticoagulants, en cas de phlébites, troubles du rythme cardiaque, embolie pulmonaire…), la ciclosporine (immunosuppresseur pour éviter les rejets de greffes, mais également pour traiter d’autres maladies), ou encore les contraceptifs oraux.

*Les médicaments « à marge thérapeutique étroite » sont caractérisés par des concentrations toxiques ou inefficaces proches des concentrations efficaces. Ce qui signifie qu’une faible variation de dose ou de concentration pourra entraîner une modification du rapport bénéfices / risques. Un changement en cours de traitement devra donc être réalisé avec précaution.

QU’EST-CE QU’UNE INTERACTION MÉDICAMENTEUSE ?

Une interaction médicamenteuse peut survenir lorsqu’une personne suit plusieurs traitements en simultané. Certains médicaments, pris avec d’autres, peuvent ainsi modifier les effets thérapeutiques d’au moins un de ces traitements, ou encore, renforcer les effets indésirables. Par exemple, il est déconseillé de prendre du millepertuis lorsqu’on prend également des pilules contraceptives, car cela peut diminuer l’efficacité de ces dernières. Le risque de tomber enceinte est donc augmenté. Il existe différentes formes d’interactions médicamenteuses :

  • Synergie ou potentialisation : lorsque les effets thérapeutiques des traitements sont augmentés (ajoutés ou multipliés entre eux), ce qui peut être toxique.
  • Antagonisme ou inhibition : dans ce cas-là, les effets des médicaments sont annulés ou diminués, ce qui nuit à l’efficacité du traitement.

RECOMMANDATIONS DE SANTÉ AVEC LE MILLEPERTUIS

L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé a fait plusieurs recommandations concernant le millepertuis, selon l’état de santé des patients et les traitements qu’ils suivent.

Il est déconseillé de prendre du millepertuis dans les situations suivantes :

  • Les personnes prenant un traitement par indinavir (CRIXIVAN7), et par extension, les personnes suivant un traitement d’antirétroviraux suite à une infection à VIH ne doivent pas prendre de millepertuis. Ceci en raison d’une baisse de la réponse virologique et d’une augmentation de la résistance virale.
  • Les personnes prenant un antidépresseur qui inhibe la recapture de la sérotonine ne doivent pas consommer de millepertuis (tout particulièrement les sujets âgés), en raison de la potentielle survenue d’un syndrome sérotoninergique. Il s’agit d’une réaction médicamenteuse pouvant être mortelle (symptômes = température corporelle élevée, spasmes musculaires, anxiété ou délire).
  • Il est fortement déconseillé aux personnes prenant un contraceptif oral d’y associer du millepertuis, au risque de voir diminuer l’efficacité de la contraception. 
  • En raison du risque important d’interaction médicamenteuse, on recommande plus généralement d’éviter de prendre du millepertuis avec tout autre médicament.

Pour les personnes suivant un traitement et qui prennent du millepertuis, voici les recommandations :

Il est conseillé de ne pas stopper brutalement la prise de millepertuis sans obtenir au préalable un avis de votre médecin. En effet, un arrêt trop prompt pourrait induire une augmentation de la concentration plasmatique des traitements. Cette hausse pourrait s’avérer dangereuse si la personne suit un traitement à faible marge thérapeutique comme ceux évoqués ci-dessus.

PRÉCAUTIONS À L’ATTENTION DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ

Le rôle des professionnels de santé est d’informer les patients sur les traitements qu’ils suivent et de réaliser un diagnostic afin de s’assurer qu’ils ne courent aucun risque. Ceci afin de garantir l’efficacité du traitement et la santé du patient, et d’éviter le risque d’intoxication. Ainsi, il est recommandé d’interroger les patients sur leur prise éventuelle de millepertuis. Mais également de les informer sur les risques d’interaction médicamenteuse. Enfin, il est conseillé de mentionner les éventuels cas d’interactions médicamenteuses avec le millepertuis portés à leur connaissance au centre de pharmacovigilance dont ils dépendent.

Le millepertuis constitue donc un outil thérapeutique intéressant, pour peu que l’on connaisse ses effets secondaires et ses contre-indications avec la prise conjointe de certains traitements. Si vous envisagez de vous complémenter avec un traitement à base de millepertuis, nous vous recommandons fortement de demander un avis médical au préalable. Un professionnel de santé sera à même de déterminer s’il existe un risque ou non.