LA MÉDITATION POUR APAISER LA DOULEUR

04 Août, 2022

la méditation pour apaiser la douleur

La douleur est inséparable de notre existence, de notre être vivant. On l’oublie souvent, dans notre monde aseptisé, où les malades, parfois, sont assimilés à des « loosers », des perdants du grand match de la vie. Il convient, dans notre monde tel qu’il est, d’être en forme, éternellement jeune, le corps alerte, l’esprit puissant, sans défaillance, sans faiblesse. Tout l’inverse du monde de la douleur, qui ploie le corps, envahit l’esprit.

Or, qui n’a pas souffert, et cherché les moyens d’échapper à l’intrusion de la douleur, qu’elle soit physique ou morale ? La douleur n’épargne personne, un homme sans souffrance n’existe pas. Dès son premier souffle, l’enfant sent le manque, la faim, la soif, le froid, la chaleur, la fièvre, son corps se recroqueville, se tend, demande l’apaisement, et ne connaîtra le repos que lorsque le bien-être lui sera revenu. Ce repos, c’est la caresse de sa mère, la nourriture qui le réconforte, le médicament qui endort la douleur. Rien ne change en grandissant, on est toujours dans le dilemme souffrance/bien-être, dans la quête de l’équilibre si fragile de la santé heureuse.

APPRIVOISER LA DOULEUR GRÂCE À LA MÉDITATION

On connaît le mot célèbre de Chamfort : « Mon Dieu, préservez-moi des douleurs physiques. Je m’arrangerai avec les douleurs morales. » Mais comment composer avec certaines souffrances morales, deuils, séparations ? On sent bien que la douleur ne se compartimente pas, que l’apaiser ne peut consister ni à l’endormir ni à la nier, qu’une douleur physique, chronique par exemple, ne cédera pas seulement à l’accumulation de médicaments. Un « plus » devra intervenir, la motivation, la confiance en soi, la force de l’esprit. Aussi convient-il de recourir à toutes les armes que se forgent le courage et la volonté : la méditation, par son origine spirituelle, en constitue l’un des plus accessibles. Encore faut-il bien la connaître pour y avoir recours.

Comment la méditation serait-elle efficace contre la douleur, capable de l’adoucir, de l’atténuer, peut-être de la vaincre ? L’espoir que soulève cette perspective est-il réaliste ?

Un célèbre psychiatre, Christophe André, spécialiste de la méditation, nous dit que la souffrance, c’est « ce que notre esprit fait de la douleur ». Il s’agit de toute douleur, morale, physique, inattendue, fulgurante, chronique. Et cette douleur, ces douleurs, il faut bien le reconnaître, sont inhérentes à notre condition humaine. La question est par conséquent, non pas d’éviter la souffrance née de la douleur, mais de savoir comment l’apprivoiser.

DE LA DISPERSION À LA CONCENTRATION

la méditation et son impact sur la santé

Dans nos sociétés occidentales, la méditation fait son apparition dans les années 60 – même les Beatles s’y adonnaient – sur fond de mode « hippie ». Quelque vingt ans plus tard, les scientifiques lui donnent ses lettres de noblesse, la débarrassant au passage de ses connotations religieuses, bouddhistes, lui offrant une sorte de laïcité qui l’introduit à l’hôpital, révélant sa capacité de réduire la douleur, dans une approche globale de la santé physique et mentale.

C’est aujourd’hui cette approche qui est plébiscitée, puisque la méditation dite « de pleine conscience » est utilisée dans tous les domaines, pour réduire l’anxiété, le stress, les troubles psychiques, la dépression, mais aussi les douleurs chroniques, postopératoires, etc. On ne peut ignorer par exemple que la pratique de la méditation réduit les manifestations inflammatoires, sentinelles bien connues de notre état de santé.

« N’est-ce pas trop simple ? », disent certains détracteurs, méfiants de nature. Recourir à des postures orientales, se limiter à observer sa respiration est-il un gage de meilleure santé ?

« Eh bien oui », répondent, unanimes, les praticiens et les patients, toujours plus nombreux à admettre et à reconnaître les changements bénéfiques que la méditation a apportés dans leur vie. Il n’en demeure pas moins que l’abord de la méditation peut sembler déconcertant : d’accès ouvert, facile, elle paraît à la portée de tous ; mais à peine a-t-on commencé à l’exercer qu’on se rend compte de l’énergie, de la volonté qu’il va falloir mobiliser. En fait, la méditation est comme un sport, elle entraîne le cerveau, elle le muscle, elle réinvente les rapports du corps et de l’esprit. Comme toute pratique sportive, elle donnera les plus grands bénéfices à condition de s’impliquer dans la durée, la régularité. Car la méditation, à laquelle on a de plus en plus recours, est l’antidote des maux de notre société. À la dispersion, elle oppose la concentration, au changement permanent, elle propose la stabilité, à la sollicitation tous azimuts, elle répond par le calme et la sérénité.

MÉDITER ET OUVRIR SON ESPRIT

C’est en se positionnant autrement qu’il faut entrer en méditation, en changeant, pourrait-on dire, de logiciel, en osant changer ! Pas comme on entre dans une pensée magique, avec la croyance illusoire que nos douleurs vont disparaître subitement ; pas non plus comme on entre en religion, avec des convictions arrêtées, ni comme on entre en guerre, pour vaincre à tout prix la souffrance. Il s’agit de modifier son comportement, son attitude face au prix de la douleur que la vie nous inflige. Non, le prix à payer ne va pas disparaître ; oui, on va réussir à moins souffrir, on va saisir l’opportunité qui se présente de se réapproprier son corps, de le laisser ouvrir la voie aux souffles de l’esprit. Et la douleur, peu à peu, s’atténuera, faiblira.

La sauvagerie de la souffrance, la barbarie de la douleur se civiliseront enfin dans la pratique multimillénaire de la méditation, où corps et âmes apaisés retrouvent ensemble une dimension trop longtemps perdue de vue.